Vous mangez quoi et comment ?

Cette question est très importante pour 2 raisons :
1\ C'est en mangeant correctement et de façon adaptée à l'exercice que l'on apporte l'énergie nécessaire au corps pour qu'il puisse bien avancer. Comme pour un moteur : sans carburant, ou une énergie mal adaptée, ça n'avance pas.
2\ La 2ème raison : je suis très gourmand et on ne rigole pas avec ce plaisir là! De plus, comme le disait un autre bourlingueur, "on  retrouve bien souvent le moral... au fond de la gamelle!"...
A noter que je "cuisine" sur un petit réchaud au gaz, et n'ai pas utilisé de bois, même dans l'Aïr (dans le Ténéré il n'y a strictement rien), sauf lors de mon petit séjour près de la guelta 
d'Agamgam, où j'ai profité du bois charrié par les crues pour me  faire une Taguella (pain cuit dans le sable sous la braise).

Coté liquide :

Lors de mes précédentes expériences, je marchais avec 3 litres d'eau / jour, réparties en quantités précises toutes les heures (de  10 à 20cl).
Pour cette longue expérience de Ténéré Solo, je comptais partir initialement en janvier, donc avec la même quantité d'eau par 24h. 
Malheureusement, la lourde préparation du projet m'a retardé d'un  bon mois, avec pour conséquences des températures moyennes beaucoup plus élevées particulièrement en mars (régulièrement autour de 50° à l'ombre...). J'ai donc raisonnablement augmenté ma gestion 
hydrique à 4 litres / 24h, à savoir 1,5 litre pour cuisiner les 3  repas, 1/2 litre pour la nuit et 2 litres pour la journée de marche répartis de 10 à 20 cl / heure.

Je prépare ces 2 litres d'eau claire à boire avec une pincée de sel  et de sucre par litre.
Cette astuce évite de prendre des cachets de sodium ; la longue période en sous hydratation augmente fortement le risque que le fameux comprimé ne se colle sur la paroi de l'estomac, et provoque une perforation...

Attention : je ne dis pas que ces 4 litres / 24h sont confortables ; j'ai pour ainsi dire une soif permanente durant toute la traversée, j'évite simplement d'amorcer le processus de déshydratation. A noter aussi que ce qui donne le plus soif est... la peur d'avoir soif elle même. C'est mental !
Pour limiter un peu cette désagréable sensation de soif  (bucalement), je prends 2 fois / jour (pas plus!) une petite gorgée  d'huile d'olive pour tapisser les muqueuses.

Coté solide :

Petit déjeuner avec une mixture version sucrée : eau, fruits séchés, dattes, flocons de riz (ou vermicelle, semoule...), farine  de mil ou de châtaigne, sucre, lait en poudre. Préparée la veille  au soir, la mixture est froide et bien gonflée ; un régal qui, avec  un thé à la menthe, m'aide à me jeter tôt du duvet.

A partir de 9h : fruits séchés riches en fibres et sucres rapidement assimilables (ananas, raisins secs, melon, et surtout des dates), fruits secs oléagineux riches en corps gras (noisettes, noix, amandes, noix du Brésil et de cajou...) et quelques barres de 
céréales (finalement pas terribles...).
J'ai pu tester (et préfère de loin) les barres de céréales  locales, emportées par les caravaniers Touareg, de "la boule" :  farine de mil, dattes séchées et fromage de chèvre sec. La mixture  est broyée au mortier, mixée et mise en boules roulées à la main  d'environ 5cm de diam qui sont ensuite séchées. Ça a un peu le  goût de la paume du cuisto, mais excellent apport énergétique.

Pause sieste : un peu de sucre lents salés (pâtes, semoule, riz...),  fruits séchés. De temps en temps (quand vent de sable), un plat déshydraté en secours et pour varier les menus (1 plat environ tous les 4 ou 5 jours).

A partir de 16h30 : idem 9h.

19h. Ah, là c'est sérieux!
Recette du chef : eau, bouillon cube aromatisé, shiitakes  (champignons séchés produits par un ami en Lozère, très riches en  protéines), légumes déshydratés (carottes et haricots verts),  sucres lents (semoule, pâtes, flocons de riz, boulgour...) et de  temps en temps 1 crème de Gruyère (Vache-Qui-Rit locale) pour  simuler un semblant de sauce...
J’aurais aimé trouver de la spiruline avant de partir, très bon  apport en protéines aussi, mais c’était trop tard coté production.

Dessert : 1 cuillère de la mixture sucrée préparée pour le petit-dèj du lendemain matin.

Deux petits plaisirs pour savourer le paysage en me relaxant les  muscles aux arrêts midi et soir : soit 1 bonbon rafraîchissant "la  pastille du mineur" (vieille recette du Nord), soit 10 cl d'anthésite fortement concentrée dégustés en aspirant du bout des lèvres comme  un thé à la menthe.

Heu... J’ai quand même laissé dans le Ténéré une douzaine de  kilos et pas mal de volume musculaire.